6 Temps modernes
période historique de la Renaissance à la Révolution française
L'Époque moderne ou les « Temps modernes », couvre l'époque historique qui débute à la fin du Moyen Âge située, selon les historiens, en 1453 à la chute de l'Empire romain d'Orient ou en 1492 avec la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb et qui se termine, selon la périodisation « à la française », en 1789 avec la Révolution française. Toutefois, pour les historiens de langue anglaise, l'Époque moderne est ininterrompue des Grandes Découvertes jusqu'à nos jours, de sorte que l'époque contemporaine en définit plutôt la partie vécue par des témoins encore en vie à ce jour. Dans leur perspective, l'Époque moderne est celle où triomphent les valeurs de la modernité (le progrès, la communication, la raison), en opposition avec la période précédente du Moyen Âge, longtemps considérée comme un « âge obscur », ou comme une « sombre » parenthèse entre l'Antiquité et la « Renaissance ». Il fait toutefois l'objet d'une réévaluation depuis l'apparition des historiens médiévistes dans les années 1970. Au départ, lors de la Renaissance, l'esprit de l'Époque moderne cherche à se référer non pas au Moyen Âge, mais à un passé plus lointain, l'Antiquité, vu comme l'époque classique.
En sociologie, la distinction n'est pas faite entre l'Époque moderne et la modernité. Pour Jean-Marc Piotte, par exemple, nous sommes toujours en modernité puisque nous réfléchissons encore dans une perspective d'individus libres, égaux et rationnels ; qu'au niveau individuel le travail et l'amour priment ; et qu'au niveau collectif, le marché, l'état-nation et la laïcité demeurent dominants. Le sociologue Anthony Giddens abonde dans le même sens, affirmant que nos sociétés possèdent toujours les quatre caractéristiques institutionnelles fondamentales de la modernité : le capitalisme, l'accumulation de capital dans le contexte du travail concurrentiel et des marchés de produits ; la surveillance, le contrôle de l'information et la surveillance sociale ; l'industrialisme, l'utilisation de l'industrie pour la production de biens ; et la puissance militaire, le contrôle des moyens de la violence dans le contexte de l'industrialisation de la guerre.
Dans une perspective globale, l'Époque moderne marque une grande pause entre le moment de l'intégration de deux mondes humains qui s'étaient presque totalement ignorés pendant plus de 20 000 ans : l'Amérique – ou « Nouveau Monde » – et l'Afro-Eurasie – ou « Vieux Monde ». On parlera du « Jeune Monde » lorsque le continent australien sera découvert par les Européens.
Le temps écoulé a fait s'éloigner d'une telle manière cette époque du présent que les historiens de certains pays, dont la France, distinguent une quatrième époque, l'Époque contemporaine. Cette quatrième époque n'est certes pas à l'écart et a même vu une intensification extraordinaire de la tendance à la modernisation observée pendant l'Époque moderne. Cependant, cette intensification s'est faite avec des caractéristiques sensiblement différentes, fondamentalement parce qu'elle signifie le moment du développement extraordinaire et du triomphe des forces économiques et sociales qui avaient été en lente gestation durant l'Époque moderne : le capitalisme et la bourgeoisie ; ainsi que les entités politiques qui se sont formées en parallèle : la nation et l'État. C'est cette périodisation « à la française » qui est adoptée dans cet article.
La discipline historiographique étudiant cette période se nomme Histoire moderne, et ses historiens « modernistes » (distincts des artistes, écrivains ou religieux de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe siècle).