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Le Serpent des Pyrénées se situant à (65) dans la région Aquitaine.Une légende gasconne affirme quil y avait autrefois, dans la Montagne (les Pyrénées), un Serpent long de cent toises, plus gros que les troncs des vieux chênes, avec des yeux rouges, et une langue en forme de grande épée. Ce Serpent comprenait et parlait les langues de tous les pays ; et il raisonnait mieux que nul chrétien nétait en état de le faire. Mais il était plus méchant que tous les diables de lenfer, et si goulu que rien ne pouvait le rassasier. Nuit et jour, le Serpent vivait au haut dun rocher, la bouche grande ouverte comme une porte déglise. Par la force de ses yeux et de son haleine, les troupeaux, les chiens et les pâtres, étaient enlevés de terre comme des plumes, et venaient plonger dans sa gueule. Cela fut au point que nul nosait aller garder son bétail à moins de trois lieues de la demeure du Serpent. Alors, les gens du pays sassemblèrent, et firent tambouriner dans tous les villages : « Ran tan plan, ran tan plan, ran tan plan. Celui qui tuera le Serpent, sera libre de toucher, pour rien, sur la Montagne, cent vaches avec leurs veaux, cent juments avec leurs poulains, cinq cents brebis et cinq cents chèvres. » En ce temps-là vivait un jeune forgeron, fort et hardi comme Samson, avisé comme pas un. « Cest moi, dit-il, qui me charge de tuer le Serpent, et de gagner la récompense promise. » Sans être vu du Serpent, il installa sa forge dans une grotte, juste au-dessous du rocher où demeurait la male bête. Cela fait, il se lia, par la ceinture, avec une longue chaîne de fer, et plomba solidement lautre bout dans la pierre de la grotte. « Maintenant, dit-il, nous allons rire. » Alors, le forgeron plongea dans le feu sept barres de fer grosses comme la cuisse, et souffla ferme. Quand elles furent rouges, il les jeta dehors. Par la force des yeux et de lhaleine du Serpent, les sept barres de fer rouges senlevèrent de terre comme des plumes et vinrent plonger dans sa gueule. Mais le forgeron fut retenu par sa chaîne, et il rentra dans la grotte. Une heure après, sept autres barres de fer rouge, grosses comme la cuisse, senlevèrent de terre comme des plumes et vinrent plonger dans la gueule du Serpent. Mais le forgeron fut retenu par sa chaîne, et il rentra dans la grotte. Ce travail dura sept ans. Les barres de fer rouge avaient mis le feu dans les tripes du Serpent. Pour éteindre sa soif, il avalait la neige par charretées ; il mettait à sec les fontaines et les gaves. Mais le feu reprenait dans ses tripes, chaque fois quil avalait sept nouvelles barres de fer rouge. Enfin, la male bête creva. De leau quelle vomit en mourant, il se forma un grand lac. Alors, les gens du pays sassemblèrent, et dirent au forgeron : « Ce qui est promis sera fait. Tu es libre de toucher, pour rien, sur la Montagne, cent vaches avec leurs veaux, cent juments avec leurs poulains, cinq cents brebis et cinq cents chèvres. » Un an plus tard, il ne restait plus que les os du Serpent sur le rocher dont il avait fait sa demeure. Avec ces os, les gens du pays firent bâtir une église. Mais léglise nétait pas encore couverte, que la contrée fut éprouvée, bien souvent, par des tempêtes et des grêles comme on nen avait jamais vu. Alors, les gens comprirent que le Bon Dieu nétait pas content de ce quils avaient fait, et ils mirent le feu à léglise. (Daprès « Les Légendes des Hautes-Pyrénées » paru en 1855)